A l'aube de ce deuxième tour des présidentielles, alors qu'il en va de la privatisation de nos universités, de l'accés à l'enseignement supérieur réservé aux plus nantis, de l'orientation de nos élèves décidée par les entreprises et de faire de nos lycées et collèges des machines productives, formatant la pensée unique et matant les libres penseurs...

Enfin un témoignage autre que le mien sur la volonté politique de nos rectorats à maintenir les enseignants contractuels dans la précarité. Témoignage de la volonté politique de notre gouvernement à ne pas vouloir remplacer les professeurs ainsi de voir les effectifs augmentés dans les classes et d'appauvrir la qualité de l'enseignement dans les écoles publiques

Merci M. Luc Astier, vous avez dû vous saborder pour nous rendre votre témoignage, je n'ai pas encore eu ce courage..

septembre 2006 - Coup de gueule

A l'heure où nous nous entendons tous les jours le gouvernement dire qu'il met l'éducation et l'égalité des chances en priorité dans sa politique, j'écris afin d'attirer l'attention sur la situation des non titulaires de l'éducation nationale (20000 en France).

Il existe dans l'éducation nationale un contrat encore plus précaire que le CPE c'est le CDD reconductible à l'infinie grâce auquel les rectorats peuvent (en tant que prof), nous embaucher, nous débaucher selon leur désir et en complète opposition avec le droit du travail français.

Dans les faits, la période d'essai peut durer une vie. Pour ma part j'ai fait 3 vacations de 200 h chacune (c'est le maximum légal dans une année). Ensuite j'ai enchaîné 5 contrats de 1 an chacun (CDDs). D'après l'éducation nationale je ne peux pas être titulaire car je n'ai pas le CAPES.
Ce concours ne valide pas un enseignement sur le métier de prof et n'est pas supérieur à bac+3. Donc pour ces bureaucrates de l'EN, l'expérience n'a aucun intérêt. Ils vous diront que je n'ai qu'à passer le concours. Pour cela il faudrait une formation et surtout que le concours soit ouvert ; dans ma discipline (éducation musicale) le concours interne (concours réservé aux non titulaires exerçant depuis 3 ans) est fermé depuis 2 ans alors que l'externe (pour les universitaires sans expérience) est ouvert. Je tiens à signaler que d'autres disciplines sont dans le même cas.

J'accuse les rectorats et l'éducation nationale de non respect des droits de l'homme, car le droit du travail en est un. Les raisons :signature des contrats au delà du délai légal de 2 jours (contrats antidatés) ; payement des heures de vacation irrégulier et ne correspondant pas au heures effectuées dans le mois ; non payement du chômage dans les délais légaux (+ de 2 mois, bien plus !) ; aucune indemnité de licenciement ; nombre de CDD hors la loi ; aucun courrier de licenciement ; non respect du droit à la formation (académie de Nice) ; non respect des barèmes de recrutement (Nice).

En conclusion, lorsque je vois ça j'ai un gros doute sur l'honnêteté intellectuelle de nos dirigeants et de nos syndicats (inexistant dans la défense des non titulaires de l'éducation voir collaborateur car ils participent au non respect des barèmes de recrutement à fin de placer leurs adhérents.

Remarque: tous les contrats sont des CDD, comme quoi l'Etat ne respecte pas les règles qu'il impose aux entreprises privées.

De plus, dans l'académie de Nice nous sommes restés plusieurs années sans inspecteur d'académie (éducation musicale) et lorsque enfin on en désigne un, celui-ci prend comme première directive de ne pas faire de formation pour la préparation du concours réservé sachant que ce même concours ne sera pas reconduit l'année d'après ainsi que le concours interne. N'ayant pas respecté le droit de formation, qui l'on retrouve comme jury au concours réservé 2005 ? Ce même IPR que l'on va payer à la journée. Ceci est un bon exemple de malhonnêteté intellectuelle.Il faut savoir que le rectorat de Nice ne se soucie pas de l'avenir des enfants ; durant au moins 3 ans les élèves de Roquebilliere sont restés sans cours de musique et de dessin. De plus, dans l'arrière pays niçois, les différents IPRs de musique ne sont jamais venus dans la période Septembre 1999-juin 2005, sachant que sur le poste il y avait un contractuel qui aurait sans doute voulu être conseillé. C'était trop loin pour eux, alors que certains profs montaient tous les jours (50 km de montagne + travaux sur la route).

De toute manière , le mérite importe peu pour ces gens là. Exemple, un prof de musique est absent pendant plus de 3 ans. Il habite à moins de 10 km du collège et ne peut (d'après ses dires) assurer sa fonction. Par contre son problème de santé ne le gène pas pour faire des centaines de km avec sa chorale d'adultes pour ce produire au rectorat par exemple. Et bien ce prof on le retrouve à l'heure actuelle dans l'équipe pédagogique de l'IPR d'éducation musicale de l'académie de Nice. Donc le mérite n'est pas un critère de sélection pour ces gens là, ils préfèrent le copinage.

Nous, 20.000 précaires de l'EN nous n'avons pas la possibilité d'attaquer nos patrons comme dans le privé. Tout ceci provoquera des drames comme la prise en otage, dans une école, des élèves par un prof contractuel qui a pété les plombs. Ce n'était sans doute pas la seule raison de son geste mais lorsque chaque fin d'année (août) on ne sait pas si l'on aura du travail après les vacances (on le sait 2 jours après la rentrée), et que l'on ne peut pas prendre de crédit, et bien ! on ne se marie pas, on ne s'installe pas, on ne peut pas assumer d'enfants (donc en avoir). En résumé on ne peut pas avoir de vie et il suffit de pas grand chose pour craquer. J'espère seulement que la prochaine fois le désespéré s'en prendra aux fonctionnaires des rectorats et à notre ministre de l'éducation, qui sont de véritables négriers avec les non titulaires (inspecteur d'académie).

Cela fait des années que pour faire des économies, les différents gouvernements diminuent le nombre de professeurs. Pour information, je gagnais 1200 euros par mois. Si leur but était vraiment de mieux gérer le budget de l'éducation, ils regarderaient de plus près les fortunes qui sont dépensées dans les IUFM où beaucoup de personnes sont payées à remuer du vent car les formations qu'ils proposent sont de plus en plus déconnectées des situations rencontrées sur le terrain. Il faut savoir que la responsable de ces centres de formation a dit à la télé que les IUFM ne servaient pas à apprendre aux enseignants des méthodes pédagogiques ; aussi on est en droit de se poser la question : à quoi servent ces gens et pourquoi les paye-t-on? La grande majorité de ces formateurs sont des personnes qui ne veulent pas avoir à faire à des élèves, cela les obligeraient à se remettre en question et à travailler.
La deuxième source de dépense que l'on pourrait réduire c'est celle allouée aux inspecteurs d'académies. Il y en a pour chaque matière et chacun d'eux a un nombre important de personnel sous ses ordres. Il ne faut surtout pas croire qu'ils font tout ; ils déchargent une partie de leur travail sur d'anciens profs qui, comme les formateurs d'IUFM, ne veulent plus avoir à faire aux élèves, il faudrait qu'ils corrigent des copies, qu'ils préparent des cours, qu'ils remplissent des bulletins de trimestre, qu'ils assistent aux conseils de classe et surtout, ils seraient obligés de fréquenter les parents d'élèves...

Tout ceci n'est qu'un état de fait, il n' y a aucune exagération et si l'on vous dit le contraire ce n'est que de l'hypocrisie doublée d'un mensonge.

Luc Astier, professeur non titulaire depuis 1999

 

 

 

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